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SE RÉTABLIR

INTRODUCTION

Le rétablissement se distingue d’une conception médicale centrée sur des facteurs objectifs d’amélioration pronostique (Pachoud, 2012). Il ne désigne pas tant l’atténuation des symptômes et du trouble (rémission), ni même l’adaptation à des normes sociétales (réinsertion), que la qualité de l’expérience d'une vie quotidienne épanouissante. Le courant du rétablissement revendique la possibilité d’un devenir favorable des sujets atteints de troubles psychiques. Le rétablissement se comprend dès lors comme une posture, une attitude, une démarche personnelle plutôt que comme un état. Il s’agit d’un cheminement singulier fondé sur le désir de la personne, d’une évolution du regard porté sur son trouble et ses conséquences.

 

Si le rétablissement concerne en première intention les personnes atteintes d'un trouble psychique chronique (notamment la schizophrénie et la bipolarité), les discussions amenées par ce concept nourrissent des réflexions plus profondes à même d'intéresser la population générale.

LES PERSPECTIVES ACTUELLES

 

Le rétablissement soutient la personne dans l'idée qu'elle puisse :

  • Porter un autre regard sur sa maladie et sur elle-même

  • Prendre la mesure de ses forces et de ses potentialités

  • Donner un sens nouveau à sa vie

  • Cultiver l’espoir d’une vie possible et heureuse

 

Dans ce cadre, la maladie psychique constitue un aléa de l’existence qui vient entraver le potentiel d’actualisation du sujet sans pour autant l’abolir. Le rétablissement désigne en ce sens une dynamique de transformation. Le sujet en rétablissement se comprend dans son rapport à un nouvel équilibre de vie reconstruit au décours de et par l’expérience de la maladie. À côté d’une valeur négative, le pathologique revêt ici une signification positive, celle d’une réorganisation des relations existant entre le sujet et son milieu.

UN CONCEPT PARADOXAL

 

Le modèle de la maladie offre un modeling souvent décisif pour la personne soignée et ses proches. Pouvoir nommer une maladie participe d'un soulagement manifeste. Chaque soignant est appelé à connaître le poids de cette question qui lui est régulièrement posée : « Qu’est-ce que j’ai ? » À cela s'ajoute l'angoisse de la personne en souffrance de ne pas rencontrer le bon expert qui posera le bon diagnostic et les soins les plus indiqués.

Koenig (2016) a montré dans les parcours de rétablissement le rôle pivot d’une phase d’identification à un statut de malade, une maladie étant affrontée au cœur de l'identité, et ce afin de mieux s’en distinguer, puis s’en détacher : tout se passe comme si la reprise du contrôle sur sa vie, c’est-à-dire l’étape décisive pour amorcer un processus de rétablissement, demandait au préalable l’objectivation d’une entité morbide susceptible d’être affrontée avant d’être dépassée.

LE RÉTABLISSEMENT EN QUELQUES CHIFFRES

 

Le rétablissement vient bousculer un ensemble de préjugés largement répandus selon lesquels les sujets atteints de psychopathologie évoluent vers une détérioration inéluctable. En vérité, les données des recherches médicales démontrent une tout autre réalité : la majorité des personnes connaissent une évolution positive de leur trouble psychique. Dans le cas de la schizophrénie par exemple, 40 à 60% des personnes diagnostiquées connaissent un rétablissement partiel et 20 à 30% sont considérées comme pleinement rétablies (Hopper, Harrison, Janca et Sartorius, 2007).

QU'EN CONCLURE ?

 

Si l’on continue de penser que les patients ne peuvent guérir, alors ils ne guériront jamais (Bottéro, 2008). Si le processus de rétablissement constitue une démarche personnelle, son déploiement s’inscrit dans la rencontre entre le patient et le soignant. L’espoir du rétablissement, dans le respect du temps psychique du sujet, n’est pas la perception réconfortante d’un devenir, mais sa condition même de possibilité. Il s’agit d’accorder au sujet une confiance fondamentale afin qu’il puisse à son tour se l’approprier. Sur le plan de la rencontre thérapeutique, ce postulat sous-tend une conversion du regard porté sur la pathologie et le sujet qui en est atteint : elle suppose une ouverture inconditionnelle à l’autre dans son potentiel de croissance et de mobilité existentielle.

Patricia Deegan s'exprimait en ce sens dans un texte datant de 1988 :

« Un jour quelque chose a changé en moi. Une minuscule et fragile étincelle d'espoir est apparue et a promis qu'il pourrait y avoir quelque chose de plus que toute cette obscurité. Le rétablissement ne signifie pas un état achevé ou un résultat final. Cela ne signifie pas que j'ai été guérie. Le rétablissement est marqué par une acceptation toujours plus grande de ses limites. Mais aujourd'hui, plutôt que ceci soit une source de désespoir, je découvre que depuis mes limites personnelles jaillissent mes propres potentialités. Le rétablissement est un processus qui n’est pas parfaitement linéaire, c’est un mode de vie, une attitude et une façon d'aborder les défis du jour. »

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Alain Bottéro (2008) : La question de la guérison des schizophrénies

Patricia Deegan (1988) : Recovery : The Lived Experience of Rehabilitation

K. Hopper, G. Harrison, A. Janca et N. Sartorius (2007) : Recovery from schizophrenia. A report from the WHO collaborative project

Marie Koenig (2016) : Le rétablissement dans la schizophrénie : Un parcours de reconnaissance

Bernard Pachoud (2012) : Se rétablir de troubles psychiatriques : un changement de regard sur le devenir des personnes

ADRESSE

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Mail : f.wuithier@gmail.com

COMMENT S'Y RENDRE

Le cabinet est situé dans le 11ème arrondissement, à proximité des stations : 
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